samedi 16 avril 2016

« À CÔTE DE SES POMPES »

Voilà une bien surprenante expression dans la bouche de Shmuel Trigano, intellectuel et philosophe juif francophone ! Et pour le coup, je la partage complètement d’autant qu’il désigne ainsi bien des Juifs et de nombreux Israéliens.

C’est que beaucoup d’entre eux se voient toujours ou aspirent à être un « peuple » commun parmi d’autres de la terre. Ils ne s’expliquent pas tant d’animosité et de haine à leur encontre. Ils sont prêts à s’assimiler au milieu des nations et pourtant, en dépit de nombreuses concessions politiques, la « mayonnaise » ne veut pas prendre. Il semble manquer un ingrédient quelque part. À moins que l’on tente en vain de mélanger de l’huile et de l’eau. On peut battre le fouet aussi longtemps qu’on le souhaite, l’huile et l’eau ne s’amalgament pas.
Pourquoi donc un conflit opposant une poignée de millions de personnes, sur un territoire grand comme deux départements français — c’est-à-dire quasi rien à l’échelle de la terre — accapare-t-il les médias et l’attention du monde à ce point ?... Il y a une dimension irrationnelle dans ce conflit que peu de gens cherchent à comprendre.

Quand la plupart des Juifs étaient disséminés partout sur la terre, leur assimilation semblait impossible et ils nourrissaient l’hostilité des sociétés qui les accueillaient. Lorsqu’on finit par choisir de les reconnaître comme citoyens à part entière afin de mieux les intégrer aux corpus des nations, là encore, on ne se résolut pas à oublier complètement leur singularité. Plus tard, même ceux qui croyaient s’être « fondus » dans la masse furent finalement sortis de force, chassés et exterminés.
La Shoah loin d’être un accident de l’histoire, fut l’expression visible et concrète d’un « échec » planétaire en même temps que le révélateur d’une réalité spirituelle transcendant le politique. Elle aboutit en définitive à une double prise de conscience. D’abord celle des États qui dans leur culpabilité partagée acceptèrent la création d’une zone « refuge » pour tous les Juifs persécutés de par le monde. Enfin, le peuple juif prit en main son propre destin et construisit une nation capable d’accueillir et protéger les siens.
À ce stade, on aurait pu en rester là et accepter une situation peut-être imparfaite dans la forme, mais satisfaisante quant au but initial en faveur du peuple juif.

Sauf que… il y a un « mais », tout ce qui fait que le peuple juif « marche » en grande partie à côté de ses « pompes ». Israël n’est pas « uniquement » une sorte de zone de refuge pour les Juifs qui seraient plus ou moins encore sous la tutelle du monde. La résurgence d’Israël en tant que nation souveraine constitue la démonstration et la preuve même que Dieu n’en a pas terminé avec son peuple et que celui-ci reste au cœur de son projet pour l’humanité. Le christianisme de son côté, l’islam du sien, ont tous deux proclamé qu’ils étaient eux et eux seuls dans la « continuité » du plan divin et donc qu’Israël était en « rupture » avec ce dernier. On comprend alors l’embarras des États qui se « réclament » directement ou non de ces deux grandes religions mondiales. La réalité moderne d’Israël, contredisant leur « discours officiel », pourrait affecter leur propre identité et porter atteinte d’une certaine façon à leur existence.
En effet, si Israël demeure le « témoin » de la fidélité de Dieu à ses promesses, si la dispersion ne constitue pas une « rupture » ou l’abrogation de l’alliance établie en Abraham avec sa descendance, celles et ceux qui dans l’histoire ont cherché à lui usurper la place, voire même qui, pour se faire, ont tenté de l’exterminer, se retrouvent à présent en défaut et digne d’être jugés devant le tribunal de Dieu.



Il est donc illusoire de penser que la résurrection d’une souveraineté juive puisse résulter d’un accident de l’histoire ou d’une erreur de jugement de l’ONU en son temps. S’opposer à Israël aujourd’hui constitue l’aveu de son propre aveuglement et le refus d’accepter le choix divin sur son peuple. Persévérer dans cette voie ne peut mener qu’à la ruine en attirant le jugement de Dieu.
À l’inverse, accepter le choix souverain de Dieu sur le peuple d’Israël, c’est devenir clairvoyant et comprendre qu’au-delà des erreurs ici et là commises par les décideurs politiques, Dieu reste aux commandes d’une histoire chaotique qui aboutira aux jugements de « l’adversaire » par excellence et des nations restées rebelles à Dieu.

Bien des Juifs marchent encore à côté de leurs « pompes » et restent obstinément aveugles, ne se rendant pas compte qu’ils sont au cœur d’un conflit d’une nature spirituelle qui les dépasse en grande partie. Bien des chrétiens également refusent de le reconnaître et marchent tout autant hors du juste sentier. Certains s’associent même au monde islamique qui — je le crains — a peut-être bien compris le sens de l’histoire et s’oppose cependant, en combattant Israël, à Dieu lui-même.

Le monde peut bien être agité de soubresauts violents, de terrorisme non assumé, de valeurs en total délitement. Voir clair, c’est comprendre ce qui traverse le conflit dans sa sphère spirituelle. Rares sont ceux qui sont encore bien dans leurs « baskets » et qui réalisent le sens de l’histoire. Ceux qui courent pour « fuir » la réalité risquent fort de se rompre les os. Mais les plus nombreux sont encore ceux qui, aveugles, observent leurs chaussures à côté d’eux et se demandent pourquoi en marchant ils ont mal aux pieds.

Les prophètes parlent bien de ces hommes aux yeux obscurcis qui se tiennent la main pour se donner du courage et qui tombent ensemble dans la fosse. L’Écriture parle depuis toujours des intentions de Dieu, de ses promesses et des temps que nous vivons. Ayons la sagesse d’ouvrir les yeux pour comprendre et ne pas nous opposer à Dieu.

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